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17 juillet 2015 La sécurité privée sous le feu de la demande

17 juillet 2015 La sécurité privée sous le feu de la demande

Des mesures d’urgence. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé ce mercredi de renforcer la vigilance sur les sites industriels, au lendemain de la double explosion sur le site pétrochimique LyondelBasell de Berre-l’Etang (Bouches-du-Rhône). Les gendarmes « ont trouvé des éléments qui pourraient constituer une chaîne pyrotechnique », c’est-à-dire un système de mise à feu. « Un acte criminel », pour le ministre de l’Intérieur lui-même, « dont la motivation n’est pas établie ».

Deux semaines après l’attentat perpétré à Saint-Quentin-Fallavier en Isère, ce nouvel « acte malveillant » contre une usine Seveso suscite crainte et… interrogations. La surveillance, préventive, est-elle suffisante, en France ? « Aujourd’hui, nous faisons le minimum de ce que l’on peut faire. Nous sommes face à un défi énorme, auquel nous essayons de faire face avec des moyens limités, en personnels et financiers », déplore Louis Caprioli, conseiller du groupe de sécurité privée Geos et ancien responsable de la lutte antiterroriste au contre-espionnage (DST).

« Le risque zéro n’existe pas. Si quelqu’un veut vraiment être nuisible, cela va être difficile de l’arrêter », estime Philippe Prudhon, directeur du département des affaires techniques à l’Union des industries chimiques.

Le patron de la place Beauvau a de nouveau rehaussé le niveau de vigilance autour des sites sensibles, donc. Il réclame des préfets, de la police et de la gendarmerie qu’ils prennent l’attache des responsables de ces installations, dangereuses, pour procéder à des inspections minutieuses. Il leur demande « d’exercer une vigilance particulière » en interne : le ministre a décidé, lui, « le renforcement des rondes et patrouilles par les forces de sécurité à l’abord de ces sites »… qui représentent des cibles potentielles.

Pour la fédération d’associations France Nature Environnement, « durant les quinze dernières années, on s’est surtout posé la question des accidents qui peuvent se produire sur les sites industriels lorsque quelque chose dérape, beaucoup moins sur ce qui peut se passer si quelqu’un essaye d’y venir pour déposer une bombe », juge Maryse Arditi, membre du directoire sur les risques industriels. « Personne n’imaginait cette attaque en Isère. Nos adversaires - je pense aux djihadistes - ont toujours un coup d’avance, et l’avantage du moment, du lieu… de l’effet de surprise », rappelle encore Louis Caprioli. Comment lutter ?

La France a recours à la sécurité privée pour protéger des sites recevant du public aussi exposés que palais de justice ou préfectures (lire les chiffres du ministère de l’Intérieur en cliquant ici). Depuis les attentats de Paris en janvier et l’annonce du coût de l’antiterrorisme, les entreprises de sécurité privée croulent sous les demandes et font face à une pénurie. La profession a même été moralisée et un Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), créé.

Si le nombre de demandes d’agréments pour devenir agent de sécurité « n’a pas augmenté de manière significative », assure Mélanie Giroux, chargée de mission au Cnaps, les professionnels bénéficiant d’une carte exécutent, assurément, davantage d’heures de travail. « En matière de personnels, la défense n’a pas les capacités de sécuriser la multiplicité des sites. Ni humaines, ni techniques. Et, sauf dérogations, les sociétés de gardiennage, rappelons-le, ne sont pas armées », précise Louis Caprioli. En plus du bond humain (des employés à recruter, former et encadrer) et financier, se pose alors la question d’un renforcement législatif.

Fixées par le ministère de l’Ecologie et du développement durable, les mesures de sécurité des 1.171 sites classés Seveso en France imposent la mise en place de barrières de protection physique (bâtiments renforcés, clôtures systématiques) mais également la surveillance des accès (gardiennage, caméras). Pour Maryse Arditi, « on ne peut pas mettre des policiers devant tous les sites à risques. Quant à la vidéosurveillance, il faut voir l’étendue de certains sites. Même avec une caméra tous les cinquante mètres, si un type a décidé de passer, il sera difficile de l’en empêcher ».

« Aujourd’hui, ce sont les sites industriels qu’il faut sécuriser. Mais il existe d’autres secteurs d’importance vitale qu’il convient de protéger. La dispersion de nos forces arrange nos ennemis. » Louis Caprioli le regrette : « Ce n’est pas en une semaine que nous pourrons surmonter tous ces obstacles ».

Sécurité des sites industriels: "Nous sommes face à un défi énorme, avec des moyens limités"

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